Interview de Kheops au sujet de Total Prélude


Interview donné par Kheops au site URBUZ.COM.

DJ Kheops est l’autre moitié d’IAM, l’architecte sonore du groupe phare de la ville phocéenne, celui qui avec Imhotep, construit les bandes sons, celui qui a fait d’IAM cette formidable machine à danser internationale. «Total Prelude», son troisième projet personnel, revisite l’histoire et les hits du célèbre label new-yorkais du même nom. En puisant son inspiration au cœur de la funk des années 80, Kheops agit en véritable chef d'orchestre, entre l'ethnomusicologue et le pirate des sons. Rencontre avec un passionné pour voir comment se porte la funk music en 2001.

Urbuz : Parlez nous de votre nouveau projet "Total Prelude" ?
Kheops : Total Prélude est l’un des plus importants labels new-yorkais spécialisés dans la disco au début des années 80. François Kervokian, qui travaille aujourd’hui dans la house, a fait beaucoup de remix à l’époque pour ce label. Je crois qu’il était directeur artistique. J’ai sélectionné certains titres du label pour en faire une compilation.

Urbuz : Plus jeune vous écoutiez cette musique ?
Kheops : En fait, c’est un ami qui travaille aux éditions BMG, Jean Marc Bakouch, qui m’a fait redécouvrir les artistes de Total Prélude. C’est parti de là, mais j’avais déjà tous leurs disques.

Urbuz : Quel est votre apport personnel par rapport aux enregistrements originaux ?
Kheops : Je n’ai pas retouché les titres originaux. C’est une compilation mixée, les morceaux s’enchaînent les uns derrière les autres. On peut l’écouter dans la voiture, en soirée…Voilà, il y a une heure de bonne musique (rires !).

Urbuz : Pensez-vous que "Total Prelude" soit le médium idéal pour faire connaître le funk aux jeunes générations ? Ne vaut-il pas mieux leur conseiller d’écouter les orchestrations originales ?
Kheops : Sur les compilations de funk standard, on entend souvent les mêmes titres qui reviennent, alors qu’ici il y a 4 ou 5 standards, des gros classiques comme ceux de Unique «What I got is what you need», de D Train «Keep on» ou encore Unlimited Touch «I Hear The Music in the Street». A côté, on découvre d’autres titres plus «spé» mais très intéressants.

Urbuz : Vous travaillez pour IAM, vous avez sorti plusieurs projets remix de rap "Sad Hill", maintenant un album de funk music… Etes-vous attiré par les musiques électroniques ?
Kheops : J’en écoute, mais pas de là à en faire. Je suis dans le rap et j’essaye de rester pointu dans mon domaine. D’abord, je ne serais pas à la page (rires !) et je n’ai pas envie de m’éparpiller. Je fais déjà 50 trucs à la fois, ce serait difficile !

Urbuz : Mixer du rap ou de la funk, c’est le même travail, la même approche ?
Kheops : Non, ce n’est pas la même approche. Quand tu enchaînes des morceaux de rap, le rythme est fait par des machines, avec des tempos réguliers. En 1982-83, les rythmiques funk étaient jouées par des batteurs. Et les mecs ne s’appelaient pas tous Phil Collins (rires !). Les tempos varient beaucoup, alors quand tu dois enchaîner deux titres avec deux batteurs dont les tempos varient… Les mesures ne sont pas calées, il faut tenir avec le doigt, savoir qu’à tel moment il faut ralentir, qu’il va y avoir tel break, etc. Les DJ’s de l’époque devaient tuer !

Urbuz : En musique électronique, certains DJ’s sont devenus des stars énormes, reconnus comme des musiciens professionnels... Dans la funk, le phénomène de starification existe-t-il ?
Kheops : Le mouvement funk est mort. Il n’y a plus rien. Les gens qui écoutent du funk aujourd’hui sont des collectionneurs, qui font les puces, les stocks, les conventions de disques. Il n’y a pas de nouveauté dans le funk. C’est fini. Les jeunes qui écoutent de la house aujourd’hui sont étonnés de découvrir que tel ou tel disque a été samplé, donc ils vont peut-être avoir envie de découvrir le titre original.

Urbuz : Composez-vous ? Jouez-vous d’instruments ?
Kheops : Je ne compose rien, je travaille tout à l’oreille sur mon clavier. Quand je veux composer une mélodie, je sample toutes les notes et je les séquence.

Urbuz : …N’est-ce pas un peu frustrant ?
Kheops : Je ne suis pas musicien et regrette de ne pas savoir jouer de piano. Je pourrais apprendre mais j’ai la flemme. A 35 ans c’est plus difficile d’apprendre. Il faut étudier les bases, le classique… En fait j’aimerais bien apprendre avec quelqu’un issu du funk, quelqu’un qui m’apprenne à jouer à sa manière, avec une touche black (rires !).

Urbuz : Y-aura-t-il une suite à «Total Prélude» ?
Kheops : On en parle avec Warner mais je revisiterai certainement un autre label historique.

Urbuz : A quand un nouvel album d’IAM ?
Kheops : On prépare un album pour le deuxième semestre 2002, mais nous avons pris du retard. Pour l’instant rien n’est enregistré, même pas de maquette. Je ne sais pas encore à quoi il ressemblera.

 

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