Interview de Freeman


A propos de ce nouvel EP, pourquoi avoir sorti un 7 titres, un format court et pas un album complet de 12 ou 16 titres ?

En fait, après l’album « L’palais de Justice » j’avais sorti 3 maxis et j’en préparais un autre. Mais je trouvais que l’album commençait un peu à s’étouffer, même moi, les morceaux me gonflaient, tu vois !  Il fallait ressortir un autre truc… Surtout qu’en tant que rappeur je venais de commencer, il fallait que les gens voient que je suis là et que j’ai pas fait ca par hasard. Alors j’en suis arriver à travailler sur des inédits, et il en est sorti «  Une autre dimension  », un morceau boycotté par ma maison de disques , qu’on a retrouvé sur Electro Cypher. Heureusement, on a eu la chance que Chill veuille absolument poser dessus. Au début il n’y avait que Karim et moi. Ensuite Chill nous a annoncé qu’il allait faire Electro Cypher et il a pris le morceau. Et c’est quand le morceau est sorti que j’ai capté, il fallait sortir quelque chose de nouveau. Voilà, je m’sentais pas non plus partir sur un album entier. J’ai préféré me concentrer plutôt sur un 7 titres au lieu de m’éparpiller sur 15 ou 20 morceaux pour en retenir 14 et que ce soit médiocre. C’était aussi par rapport au travail au sein du groupe IAM, bientôt on va reprendre le boulot, donc il fallait que j’arrive à gérer mon temps. En plus, c’est une espèce de petit bilan entre entre le Free du « Palais de justice » et celui d’aujourd’ hui. Comme j’ai changé de discipline au sein de Hip Hop, c’était plus la même vie pour moi, il fallait que je prenne un peu de recul… Ce qu’ il en est sorti, c’est Mars Eyes, un disque qui montre bien dans quel état d’esprit je suis aujourd’hui. En fait dans le EP, on retrouve quelque chose du « Palais de Justice » , c’est toujours du Free, mais il y a quand même du nouveau coté rythmique et son… C’est une bonne transition entre 2 albums, maintenant on va travailler avec IAM et puis, je reviendrai peut être plus posé sur un nouvel album. En plus, avec 7 titres, les mecs le paient au prix d’ un 2 titres, c’est important par rapport à mon public.


Et le titre Mars Eyes, c’est par rapport à quoi ? Tu te places en observateur ?

Ouais, c’est par rapport aux yeux de Marseille. C’est ce que j’expliquais, je prends du recul. C’est comme si c’était une personne étrangère à notre planète, qui regarde et qui dit voilà les gars, y’a ça et ça, vous êtes comme ça… C’est pour ça que dans le morceau, dans les scratches, je dis « Sur le beat on m’note / Sur orbite j’les écris mes notes… »


Tu dis que tu as pris du recul, en effet, on t’a très peu vu poser, sauf sur Electro Cypher et Comme un Aimant…

C’est toujours pareil, on a toujours été très proche. Sinon, on me voit pas souvent parce que je bouge pas souvent… Mais j’en ai fait des featurings ! J’en ai fait un sur l’album de R, dans Chroniques d’Alger, qui va sortir, un duo avec des Allemands, des Italiens… Je suis toujours en activité. Découvrir des gens qui rappent, qui pratiquent un autre Hip Hop, je trouve ça fantastique.


Freeman, Malek Sultan, Tuco… Tu as différent surnoms qui correspondent à différents personnages en toi, lequel préfères-tu ?

J’en ai pas autant que ça, il y en a juste 3. C’était sur des trucs bien particuliers avec une image bien forte, comme Tuco, sur la tournée d’IAM, j’étais la crapule sur scène et tout le monde connaît le film, donc ça marque… Mais, moi c’est freeman. C’est l’Free, j’accepte même qu’on m’appelle le frit, F-R-I-T (rires)


Dans plusieurs des textes de Mars Eyes, j’ ai cru comprendre que t’avais l’impression que les gens ne te comprenaient pas quand tu rappais ?

Ouais, les gens me disaient «  J’comprends pas c’que tu dis », par exemple, pour «  Une autre Dimension », c’est pour ca qu’il est sorti sur Electro Cypher, le boss de Delabel m’a dit «  On comprend pas ce que vous dites sur le morceau ». J’ai pas changé l’morceau. Je l’ai laissé tel quel, et regarde, il a tout niqué ! Voilà, c’est par rapport à ca. Y’a même eu une rumeur comme quoi c’est Akhénaton qui écrivait mes textes, tu deviens fou après !


Par rapport au morceau d’ IAM sur Mars Eyes, pourquoi avoir fait ce morceau ? Est-ce un morceau d’IAM ou un morceau de Freeman featuring Akhénaton et Shurik’N ? 

IAM est devenu une grosse machine, mais c’est bien un morceau d’IAM. Ben ouais.


Alors pourquoi avoir choisi de faire un morceau ensemble sur Mars Eyes ?

Parce que Chill préparait son album solo et moi je devais faire un morceau avec lui. Et moi, j’ai pas eu le temps de poser avec lui à cause de mon EP et lui, il a eu un moment de libre, de venir poser sur mon morceau au lieu que ce soit moi qui vienne et voilà ! Il m’a dit OK. Et quand il est arrivé, on s’est dit, et merde, il manque quelqu’un . Et voilà, Jo est arrivé et ça s’est fait comme ca !


En fait, c’est un tour de chauffe par rapport au boulot qui va venir avec IAM ?

On a plus voulu se faire plaisir. Parce que le dernier morceau d’ IAM qui à existé, c’était Poussières II Galaxie sur Sad Hill Impact. Après, il n’y a rien eu, donc on a voulu se faire plaisir, on est revenu à l’ancienne, ego trip, tu vois. Quand Chill dit « Reconnais l’ Barème /C’ est dur de tester/ Le Hip Hop une tour où seule la crème est restée », c’est une façon de raconter comment le Hip Hop a évolué en France. Ca veut dire que les maisons de disque ont beaucoup signé pendant un temps et seuls quelques groupes sont restés.


Par rapport à la production du morceau, ce ne sont ni Imhotep, ni Kheops qui ont signé l’instru, donc ce n’est pas vraiment un morceau d’IAM ? IAM, c’est toujours les mêmes, mais j’ai voulu essayer de changer parce que j’ai voulu partir autre part que ce que fait le crew habituellement. Donc j’ai demandé aux Turntable Dragon’z, parce que je savais qu’eux avaient une autre vision d’une rythmique et en plus parce qu’ils sont DJ’s. C’était juste pour changer, aller voir ailleurs.


Ton expérience en tant qu’acteur dans Comme un aimant t’a t’elle donné envie d’aller plus loin dans ce domaine ?

Ca m’a beaucoup plu et ça a été une superbe expérience. Avec du recul, j’ai l’impression de ne pas avoir assez profité de ce bloc de plaisir. C’est en voyant les images que j’ai réalisé, ça m’a étonné de me voir dans un film qui tient à peu près la route. C’est un truc qui me plait, en plus, nous les MC’s, quand on est sur scène, on est un peu acteurs à la base.


extrait du magazine R.A.P., mai 2001.




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