Interview d'Akhenaton lors de la sortie de Métèque et Mat (1995)



Pourquoi as-tu choisi ce surnom d'Akhenaton ?
Ce pharaon a bouleversé des choses qui semblaient immuables pour une époque et c'est ce côté, un peu de changement qui m'a intéressé. Et il était mystique, mystique surtout.

Tout à fait mystique ça c'est vrai puisque c'est lui qui a bouleversé l'ancienne religion d'Egypte et qui a le premier instauré le monothéisme en Egypte avec le culte d'Aton.
Voilà.

Eh bien !...Tu t'appelles donc Chill je crois ?
Ouais, ça c'est encore un surnom dont j'ai hérité lors d'un de mes séjour à New-York, Chill parce que j'étais calme, alors ça a été un surnom mais mon vrai prénom c'est Philippe.

D'accord...tu es né à Marseille ?
Je suis né à Marseille ouais.

Et est-ce que le fait que tu aies commencé avec IAM, est-ce que cette identification très forte qu'on a faite de votre groupe avec Marseille c'est encore quelque chose que tu revendiques, es-ce que tu te sens encore surtout un marseillais ou est-ce que maintenant avec Akenaton, avec la carrière en solo, tu as un petit peu élargie je dirais ?
Je me sens surtout marseillais, plus que jamais puisque bon ma ville, on le sait, traverse un peu de grosses difficultés même. Mais vraiment fier d'être de là-bas et très attaché à la culture méditerranéenne. Plus que jamais même si ça transparait moins dans cet album parce que c'était un album très personnel et où je parlais surtout de l'Italie et y'a pas mal d'histoires vécues, je reste quand même très attaché à Marseille.

Sur cet album tu nous parles de l'Italie, d'origines arabes, africaines, y'a aussi cette référence egyptienne, est-ce que c'est pas un petit peu, un petit peu trop ? Tu arrives à t'y retrouver là-dedans ?
J'arrive à m'y retrouver. C'est que j'aime bien puiser dans le passé pour comprendre le présent et essayer d'avoir un bon avenir. Non, je me suis plongé dans mes racines et au fur et à mesure que j'ai découvert l'histoire de l'Italie, du Sud de l'Italie, les différentes invasions, l'influence des civilisations, l'histoire en méditerranée est en fait un enchevêtrement de civilisations et particulièrement l'Italie du Sud est très liée avec le monde Arabe, ça c'est des choses que j'ai découvert au fur et à mesure de lectures et en m'informant tous simplement.

Tu sais que se sont les Normands qui ont chassés les arabes de Sicile ?
Oui, mais les Normands ont respectés, ont gardés la langue arabe à la cour, parce que la Sicile était devenu un état islamique, enfin l'islam était religion d'état dans 2 des 3 parties de la Sicile et les Normands ont chassés les arabes de Sicile mais ils ont gardés la religion et l'écriture arabe à la cour. Se sont les Lombards qui ont menés l'inquisition, qui ont convertis les siciliens de force au christianisme et qui ont héradiqués la langue arabe.

Ouais,..., c'est vrai qu'il y a eu l'empereur Frederic II qui a été un grand protecteur de la civilisation arabe ce qui lui a quand même valu beaucoup d'ennuis avec le pape qui l'a quand même excommunié.
Exactement. (rires)

Et tu es d'où en Sicile ? Palerme ?
Non, je suis de..quand je parle de Sicile, je parle du Royaume de Sicile, je suis de Naples, voilà de la ville de Naples, un des grand chaos de l'Europe.

Ah, on a dit que la baie de Naples était une des merveille du monde.
C'est une merveille chaotique, cet à dire que dans le chaos on peut voir des choses magnifiques comme des choses moins belles mais je pense que c'est quelque chose qui a évolué à travers les siècles et que Naples peut se relever encore une fois et économiquement. C'est une ville culturellement très riche, y'a beaucoup d'artistes, y'a beaucoup de choses qui se passent là-bas. La musique napolitaine fut un temps envahissait le monde et surtout aux Etats-Unis ils vendaient des millions de disques mais depuis que les maisons de disques se sont déplaçées de Rome à Milan elle a un peu chuté mais bon.

On a dit de Naples qu'elle avait la misère majestueuse.
Voilà, c'est exactement ça ! Et avec le sourire en plus, les gens là-bas gardent le sourire quoi qu'il arrive.

Et ton cheminement personnel t'as conduit avec tous ces metissages à prendre dernièrement une position spirituelle vers l'Islam, tu peux nous en parler un peu, qu'est ce qui t'as guidé vers ça ?
Oui, en fait bon, j'essaye d'en parler en général le moins possible parce que c'est très personnel mais j'ai beaucoup lu sur les religions, je me suis très intéressé aux religions. J'ai découvert que les religions étaient enchevêtrés et que de l'une découlait l'autre, mais l'Islam au niveau des écritures m'a beaucoup plus convaincue notamment avec son rapport avec la science et beaucoup de passages du Coran qui font allusion par exemple à la formation des galaxies, à la création de l'être humain, je parle de génétique là, c'est carrément écrit dans le Coran et puis je sais pas c'est des convictions personnelles. Moi j'ai jamais forcé personne à quoi que ce soit. Je trouve qu'il y a quelque chose de magnifique là-dedans et des exemples laids il y en a de partout dans toutes les religions, dans toutes les communautés. Il faut juste découvrir le beau sous...

T'as été d'avantage attiré donc par l'Islam ces derniers temps que par la catholicité débordante de l'Italie du Sud et tout ça quoi !
Oui, mais je pense que c'est lié car j'ai reçu une éducation catholique comme la plupart des italiens du Sud même comme tous les italiens du Sud mais ma mère me l'a enseignée quand même avec ce côté oriental, j'avais conscience que les choses se passaient sur la terre de Palestine et quand on faisait la crèche à Noël, on faisait la crèche avec le sable, les chameaux. C'était pas trop sapins et neige.

Vous êtes des vrais qui n'avez jamais oubliés que l'Italie ça na pas toujours été ce que c'est aujourd'hui, qu'il y a eu un gros brassage quoi.
Voilà, exactement.

Ben c'est super. Dans une de tes chanson tu nous disais: "Jadis vulgaire pion, passé pièce maîtresse du jeu d'échec". Est-ce que ça signifie que tu gardes une certaine amertume d'un passé et que maintenant au contraire tu te sens pousser des ailes et tu as l'impression d'avoir sortie la tête de l'eau ?
C'est un peu ça mais en fait c'est juste une continuité de la théorie dont on parlait avant, c'est une théorie qui s'appelle le Hold Up Mental et qui est une technique de combat chinois qui consiste à l'observation, l'adaptation et la domination. C'est juste une élévation culturelle, spirituelle et c'est vrai "jadis vulgaire pion" parce qu'avant je subissais ma destiné en fait. J'étais complètement à la merci de ce qui se passait, la journée m'imposait des règles. Tandis que maintenant j'ai réussi à travers ma carrière professionnelle et aussi à travers ma vie familial à gérer ma journée et à faire ce que je veux de mes journées, c'est déjà une grande chose.

La liberté retrouvée.
La liberté.. Oui c'est exactement ça, plutôt que de tenir les murs de 2 heures de l'après midi à 5 heures du matin, c'est mieux.

D'accord. En fait on retrouve beaucoup ce thème ... cette impression d'amertume, de rancoeur un peu comme les paysans avant la révolution qui disaient "y'en a marre maintenant on veut faire péter les chaînes quoi" !
Rassure-toi je vais pas t'étrangler va (rires). Non mais c'est vrai qu'en plus sur ce morceau là je fais pas uniquement référence aux italiens justement. Les exemples sont larges autour du monde, on pourrais parler de l'Afrique du Sud, on pourrais parler du génocide des Indiens en Amérique. En fait c'est un morceau général où le mot métèque est disons mondialisé.

Et de péjoratif devient au contraire plutôt une qualité.
Voilà, exactement, on essaye de renverser les choses comme notre théorie est le côté obscur, on essaye de dire dans plusieurs de nos morceaux que les choses visibles ne sont pas toujours ce que l'on voit. Par exemple, je vois pas pourquoi le mot "noir" représenterait le mal et le mot "blanc" représenterait le bien. Pourtant je pourrais sortir une liste de mots associés à l'adjectif noir qui représentent, genre le Jeudi noir, enfin y'a pas mal de choses et des mots associés à blanc qui représentent des choses positives. Nous on essaye plutôt d'être Ying Yang, cet à dire y'a du noir dans le blanc et du blanc dans le noir.

Eh ben, encore une nouvelle référence. Maintenant c'est l'Asie qui arrive.
Ah on a toujours..ça c'est plutôt le côté de Jo, mon pote qui rap avec moi. Lui est très orienté vers la Chine hein. Y'avait des morceaux dans l'album précédent d'IAM qui s'appellaient "Le Dernier Empereur", "Le Dragon S'Eveille", ça c'était des morceaux disons.., d'ailleur son nom Shurik'N Chang-Ti veut en dire long.

Bon ben vous êtes de vrais internationaux, c'est parfait. Je voulais te demander si effectivement "fonder un foyer" comme on pouvait le voir au détours d'une de tes chanson, c'était effectivement une fin en soit pour tous ?
Pour moi, ça l'est en tous cas. Je sais pas, y'a d'autres personnes qui préfèrent un mode de vie différent, qui préfèrent vivre seuls. Pour moi, je pense que d'avoir des enfants et avoir un équilibre familial c'est très important. C'est le premier niveau de la société puisque une famille c'est une micro-société et que si ça se passe bien avec la famille, ça se passe bien avec la communauté, la communauté générale quoi, les autres gens dans le monde.

Ouais ben j'te cache pas que moi ça m'a un petit peu fais sourire parce que je m'imaginais de toi le rebelle etc et on est presque attendri quand on t'entends chanter mais finalement fonder un foyer c'est bien..
(rire) Non, y'a des choses qui me révoltent mais c'est vrai que je pense qu'il faut réagir d'une manière intelligente et que dans la rébellion il y a, le côté disons Mai 68, ça peut pas fonctionner puisque je pense qu'on serait perdant.

On est bien d'accord. Voudrais tu nous parler de tes goût, par exemple d'abords tes combats. Est-ce qu'il y a des choses contre lesquelles effectivement tu sens qu'il faut se rebeller, qu'il faut s'insurger. Alors je sais pas pel-mel tu as bien sûr la drogue, la maladie, le chomage, les exclus...Dans ces causes là est-ce que tu te sens l'âme d'un militant ?
Je me sens l'âme d'un militant pour pas mal de ces causes là. Malheureusement on a voulu faire de nous des portes drapeaux mais je pense que nous petits chanteurs on y peut rien, faut surtout s'adresser aux gens qui ont les portes monnaies, cet à dire les maires et les élus de toutes sortes. Mais sinon y'a des causes comme par exemple la destruction de la planète...J'vais passer pour un.. ils vont dire Akhenaton le Sting du rap ou le baba-cool...Non mais c'est vrai que je suis très préoccupé, un peu comme Assassin en fait, par l'avenir de la planète et par la destruction des richesses naturelles, des forêts, de la faune parce que déjà enfant j'étais ébahit par ces reportages animaliers et je suis toujours ébahit maintenant à 27 ans. Je peux m'asseoir devant un reportage, je le dis j'espère que mes enfants verront ça et pas qu'en video. c'est pas une finalité d'être entouré de béton et de pas pouvoir découvrir les merveilles du monde. Le monde est merveilleux et j'espère que nos enfants, nos petits enfants, nos petits-petits enfants pourront encore le voir. C'est le point qui m'inquiète le plus. A côté de ça, les problèmes politiques de guerre tous ça c'est secondaire car si on détruit le milieu où on vit, y'a plus de vie donc y'a plus de politiques, y'a plus rien. Pour moi c'est le combat principal.

On est train de saper en fait notre base.
Saper notre base, on est le premier animal, puisqu'on est un animal, qui détruit son milieu. Dans la nature ça n'existe pas, un animal qui détruit son écosystème ça n'existe pas.

C'est vrai, c'est vrai. Est-ce que tu as une tendresse particulière pour un de ces animaux menacés ? Es-tu un fan d'éléphant ou de loutre ?
Ha, les loutres c'est très intelligent, j'aime pas mal et j'aime pas mal les léopards parce que c'est pour moi des chasseurs majestueux. Les tigres, qui pour moi est le roi des animaux, je pense que le lion avec sa crinière mesquine lui usurpe sa place. Le tigre de Sibérie est superbe. Sinon j'aime beaucoup les reptiles aussi voilà.

Tu sais qu'Akhenaton chassait avec des guépards ?
C'est vrai ?

Oui, oui !
Ah ça je le savais pas, pétard y'a vraiment de la coïncidence dans l'air aujourd'hui. (rires)

Tes goûts musicaux ?
J'écoute en grande grande grande majorité du rap. Sinon j'écoute, quasiment que des musiques noires, j'écoute beaucoup de reggae, de la soul, beaucoup de soul music.

Et Tes loisirs ?
Mes loisirs, putain, attends le paintball. Là une fois encore c'est la question mystère: "Qu'est ce que le paintball ?". Ben c'est des adultes qui retombent à l'âge mental de 8 ans et qui se tirent dessus avec des armes à peinture dans la forêt. Sinon en loisirs j'aime bien tous les sports en fait, tous les sports collectifs, volley, foot, handball...Si j'ai l'occasion de partir au ski j'aime bien le ski, c'est quasiment que des loisirs sportifs sinon y'a pas grand chose qui me...

Ben écoute c'est déjà pas mal hein puisque visiblement tu t'intéresses déjà à toutes les civilisations de la planète, tu fais beaucoup de sport, tu fais de la musique.. Bon tous ça, ça va nous permettre de parler de ta musique, de ton oeuvre. Donc on te connais depuis des années par IAM bien sûr, on t'as identifié beaucoup à Marseille, oh eh les marseillais, on va foutre le feu etc. et tout à coup tu décides donc une carrière en solo sous le nom d'Akhenaton.
Oui, une pseudo-carrière en somme, puisqu'en fait je l'ais fais d'accord avec le groupe. Je peux pas me permettre de faire des tournées, enfin mon objectif principal, la carrière principale qui m'intéresse c'est d'être avec le groupe. Mais cette escapade solo elle est née du fait que j'avais pas mal de morceaux que j'avais écris déjà et des choses que je pouvais pas dire avec le groupe, par exemple de parler de l'Italie tout au long d'un album avec le groupe IAM c'est pas possible. Y'a de tout dans IAM, je vais pas parler de l'Italie alors que les autres sont espagnols, malgaches, sénégalais ou algériens. Je pouvais pas faire ça donc c'est plutôt une fenêtre à l'intérieur du groupe IAM.

D'accord, ça t'as permis de sortir tes tripes, ce que tu avais de strictement personnel.
Voilà, exactement.

Alors est-ce que cette fenêtre du single Akhenaton t'as comblé ou y'a encore à crier et Akhenaton va quand même encore ressurgir à l'avenir ?
Je pense qu'il va ressurgir à l'avenir. J'espère aussi beaucoup, puisque se sont des fenêtres, j'espère faire de la collaboration avec d'autres personnes, avec d'autres groupes, avec d'autres groupes de rap aussi bien en production qu'en interventions vocales donc ça me fais beaucoup plaisir de travailler avec d'autres personnes. Notamment c'est pour ça que j'ai fais cet album là avec DJ Cut Killer, j'aurais pu le faire avec Eric, donc avec Khéops mais j'ai voulu que cet album soit une collaboration, que quelqu'un d'autre qu'un membre d'IAM m'apporte quelque chose et comme on s'entendait bien avec Cut depuis très très longtemps, on a décidés de faire ce projet ensemble et je pense qu'on va continuer sur d'autres projets aussi.

Et Khéops c'est parce qu'il a un profil de pyramide ?
Ouais, il a une tête de pyramide (rires). Non, la pyramide de Khéops est grande, Khéops serait plutôt PETIT, très petit même. (rires)

Dans tes chansons ce qui m'a frappé aussi c'est cette volonté de lucidité, de ne pas verser dans la complaisance. Et un peu de présenter tes expériences personnels comme une sorte d'exemplarité. De choses qui peuvent servir à tous le monde mais pas dans le style 'voilà j'montre du doigt' mais sujet à réflexion.
Oui, ben c'est peut-être un exemple d'adulte puisque maintenant, fut une époque magnifique d'ailleur j'ai été enfant et j'ai été adolescent où j'ai fais quelques erreurs et si y'en a qui se reconnaissent, qui sont actuellement enfants ou adolescents dans les petites conneries que j'ai fais ben y'a des chemins dans la vie et y faut surtout pas se tromper. J'impose rien, faut juste écouter, c'est juste une expérience quoi. C'est comme moi si je m'assieds sur un banc avec un vieux et que ce vieux m'explique les choses qu'il a vécu avant, j'en tire forcement quelque chose. Je veux pas dire que je suis un vieux mais pour un gamin de 13, 14 ans je suis un vieux ouais, j'ai 13 ans de plus que lui...

Ben tu sais, ça ma rappelé Goethe, tu sais l'auteur allemand, qui adorait la baie de Naples, je crois que c'est lui qui avait dit que c'était l'une des merveille du monde et dont on dit que toute l'oeuvre aussi c'était puisé dans son expérience pour en faire une sorte d'exemplarité mais serein, sans passion, sans emmerder les autres, essayer de tirer profit de toutes les choses.
Ouais ben, deuxième coïncidence de la journée, en plus flatteuse.

Ah c'est vrai que c'était un grand homme, mais toi aussi je suis sûr hein, dans quelques années tu vas égaler Goethe, on va être épaté.
Ouais, bien sûr. (rires)

Bon, maintenant on va tomber un peu dans le plus fun, j'ai beaucoup aimé le texte d'"Eclater Un Type Des Assedics", ça m'a rappellé certaines choses...
Ca n'a pas plu à tous le monde hein, (rires) notamment aux types des assedics mais ça c'est un autre chapitre. En fait le texte a été écrit dans un contexte très spécial, c'était à une époque où j'avais du mal à joindre les deux bouts, j'avais quelques responsabilités et où bon pour moi être intermittant du spectacle c'était une grande chose. On m'avais jamais rien expliqué, jamais formé et bon les assedics traitaient les histoires d'intermittents du spectacle et bref en deux mots je me suis retrouvé à la deche. A cause de mecs qui me renvoyaient 5 fois à la maison chercher des papiers, il manque ça, il faut çi, il faut ça et je fais pas une généralisation, je dis pas que tous les mecs et les femmes des assedics sont...en plus je dis pas "j'ai éclaté un type des assedics", je dis "je rêve d'éclater" mais cette barrière je l'ai jamais franchie parce que j'ai du respect pour la personne humaine mais y'a des moments où j'étais à deux doigts quand même. Je me suis retenu... (rires)

"Americano", alors là c'est la référence aux Etats-Unis, au rêve de l'enfant européen, enfin européen du monde entier maintenant.
Ouais, c'est le rêve américain qui c'est transformé peu à peu en cauchemard américain au fur et à mesure que j'ai découvert quelques trucs sur les Etats-Unis. c'est vrai que c'est un très beau pays, y'a des très belles choses aux Etats-Unis mais pas tout est beau. C'est un peu disons là notre génération qui vivait avec les feuilletons genre Starsky et Hutch. On voyait ça, on se disaient 'ouais, oauis, c'est trop méchant, y faut qu'on aille habiter là-bas'. On se prenaient tous pour des américains et tous et finalement en grandissant je me prend pour rien du tout. Je préfère pas être américain et c'est bien de visiter, je vivrais pas là-bas par contre.

Par contre des Etats-Unis t'as quand même gardé le goût visiblement pour le cinema ? J'ai gardé le goût pour le cinéma. J'adorais le cinéma français aussi des années 60, genre les films avec Lino Ventura, de Michel Constantin avec Belmondo tous ça et je trouve que le cinema français c'est perdu, c'est empêtré dans cette analyse de sentiments et ses huis-clos avec 3 acteurs, des films qui étaient de véritables Dolipranes et j'ai pas honte de le dire, je préfère le cinema d'action américain plutôt que des films français qui réussit à m'endormir dans les salles.

Y'a certains Dolipranes qui font beaucoup d'effet.
Ouais mais pas sur moi. (rires)

Pas ceux là! (rires)
Ils m'ont plutôt endormis ceux-là. Je pense que le cinéma italien a un peu suivi le cinema français. Cet à dire qu'il est devenu très chiant et puis maintenant on essaye d'inverser la situation notamment dans les films comiques donc si ça peut-être un déclic.. Moi j'espère revoir dans le cinéma français des poursuites en bagnoles comme y'a dans Le Casse entre Omar Sharif et Jean Paul Belmondo dans les rues d'Athènes. C'est bête à dire mais je vais au cinéma aussi pour l'action et pour voir des choses, pas nécessairement pour voir ce que je vois tous les jours sur mon palier et voir 3 personnes qui s'aiment, qui s'aiment plus, qui tournent, qui retournent, ça je veux dire, c'est malheureux mais j'en ai rien à foutre !

Et ce goût du cinéma ça te donnes envie éventuellement de passer de l'autre côté de l'écran ?
Oui, avec Florent Cyri j'ai co-réalisé le clip "L'Américano". C'était la première fois où je passais derrière la caméra et c'est intéressant d'écrire pour l'image. En fait quand j'écris mes textes, je me décris les images dans ma tête et après avec les paroles je décris ce que j'ai dans la tête donc j'ai déjà cette démarche hyper-imagée, cinématographique. Avec mon ami Cacahuete qu'est là on travaille sur des projets de cinéma, essayer de développer des scénarios. On verra ce que ça donne, ça peut donner quelque chose de bien comme..on va voir, ça dépend de nous, ça dépend de notre talent.

Beaucoup de chanteurs rêvent de devenir acteurs mais toi la démarche est plus singulière puisque c'est plutôt la réalisation.
Oui la réalisation. Non, acteur je pense pas que j'aurais les qualités pour être acteur, et la patience.

Ben je crois qu'on a fait un peu le tour...
Ouais, un peu une carte podium quoi! (rires)

Voilà! Où c'est qu'on pouvait te trouver...
Ah je suis le plus mystique du groupe! Je suis le plus renfermé. C'est vrai que j'ai une relation avec les discothèques qui est très spéciale, cet à dire que je n'y vais pas. Donc, c'est vrai, c'est clair que se sera pas dans les discothèques et maintenant que j'ai la chance de travailler, avant je faisais pas grand chose, je pousse mes limites du travail jusqu'au bout. Je suis dur avec moi-même donc j'essaye de travailler du maximum que je peux donc c'est vrai que je suis peut-être le moins visible du groupe. J'suis pas innaccessible non plus, quand quelqu'un vient m'aborder je discute. Quand on vient me parler sympathiquement je suis sympa.

Dans les sentiments par contre c'est déjà complet, rideau baissé, y'a rien à voir.
Eh ouais, femme, enfants.

Enfants ? Combien ?
7 mois, un petit garçon qui s'appelle Yanis.

T'aurais pu l'appeller Toutankhamon quand même! (rires)
Non, non, non, ça aurait été prétentieux quand même. Je le mêle pas dans les histoires politique pharaonique encore. Je veux l'initier d'abord. Son parrain c'est Jo qui chante avec moi et lui par contre veux l'initier au kung fu. Alors bon, c'est tout à fait différent mais il commence à lui observer les mains. Il regarde les mains, il dit "bon soldat, bon soldat", heu pas trop de punching ball avec mon fils, s'il te plais! (rires)

Et tu habites toujours à Marseille ou tu es sur Paris ?
J'habite toujours à Marseille, j'ai choisi. On nous a souvent proposés de venir habiter sur Paris, je suis très attaché au climat et aux paysages, aux pins, à la campagne. Enfin moi j'habite au centre ville dans les quartiers populaires à Marseille, dans les vieux quartiers du Panier où est née la French Connection, dont on connait toute l'histoire où sont partis tous les italiens. Donc j'ai habité là pendant 3 ans, les 3 dernières années. J'ai habité aussi au centre ville à La Plaine qu'est un vieux quartier aussi. Et j'ai grandi en fait dans un quartier qui est en périphérie qui s'appelle Plan De Cucques...

Plein Dans l'Cul ça s'appelle ?
Plein dans l'cul ouais! (rires) Ca c'est pas sympa mon cher Eric. Plutôt Rien Dans Le Cul, on prend rien dans le cul! (rire) Non je dis ça parce que t'es un mec ouvert. (rires)

J'suis un mec ouvert, mais enfin quel scandale. Gardes, arrêtez moi ça!! (rires)
Non, ça va tu le prends bien! (rires)..C'était un quartier où y'a pas mal d'italiens et d'espagnols et donc j'ai grandi avec ces sales ritales! Et donc à force j'ai découvert un peu tous les quartiers de Marseille et je suis resté très attaché donc à la vie marseillaise. Je perdrais un peu mes repères, c'est pas que j'aime pas Paris, je trouve que c'est une ville magnifique, mais il pleut beaucoup déjà pour moi et c'est très anonyme. On est facilement noyé dans une masse énorme de béton et de monde. Donc ça non, je préfère encore la mentalité un peu de village de Marseille où y'a encore dans chaque quartier l'église, le centre du village. Ca j'y suis très attaché.


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