Interview d'Akhenaton à propos de "J'ai pas de face"

Pas le temps de souffler , pas le temps de se remettre de l'album du groupe que Le Sieur Akhénaton déboule avec un nouveau single, au contenu aussi percutant que drôle, où il est question d'un certain Gamani, producteur "opportuniste ? Non, malin dans ses décisions !". Rencontre avec Chill sur le tournage du clip. Eh oui, c'est bien notre CHILL "C'est parti d'une plaisanterie et c'est devenu un morceau. Et ça finit même par devenir une vidéo. J'ai pas de face, c'est l'histoire d'un producteur sans scrupules, qui recrute girls bands, boys bands, et autres groupes de pop foireux. Il existe une tradition dans le rap de sen prendre aux maisons de disques. Là ce serait plus une vendetta dirigée contre les directeurs artistiques qui perpétuent les musiques ignobles en France". Le sujet peut paraître osé, mais comme toujours quand Akhénaton raconte une histoire, on peut s'attendre à un traitement féroce et corrosif "mais jamais violent. C'est très railleur, très ironique, très moqueur. Il y a des gens qui disent qu'il faudrait claquer ces groupes-là. Non, il faut en rigoler, c'est tout. Ce qui est plus grave, c'est que l'on continue à avoir des musique à consommation rapide, à travailler la forme et pas le fond. On ne cherche pas à bâtir une véritable culture musicale pour les jeunes". Bien que l'on soit à la veille du tournage du clip, l'ambiance qui règne dans l'immeuble de La-Plaine-St-Denis qui sert de studio est plutôt détendue. Les techniciens finissent de monter les derniers décors, quelques (faux) disques d'or traînent sur une table attendant d'être accrochés dans le superbe bureau de Gamani tandis qu'à l'étage, les deux réalisateurs, Pascal Bourdiaux et Eric Perrichon (de Bandit Productions, la boîte de Mondino) s'entretiennent une dernière fois avec les directeurs artistiques pour les ultimes détails de casting. Dans le clip, Gamani, c'est Chill et, pour l'heure, il essaie différents costumes pour entrer dans la peau de ce personnage qui est censé narguer l'industrie du disque. "Il va falloir que je me concentre pour jouer un mec ignoble. Genre celui qui ne dit bonjour à personne quand il rentre dans son bureau, le type sans scrupules et répugnant. Je suis le mec qui fait péter le champagne au dernier étage. Le tout était de rendre le personnage antipathique mais aussi faire du deuxième degré. Pour cette raison, j'aurai une perruque, un costume, etc. Le titre du morceau explique tout, J'ai pas de face". Le comble de ce morceau et de ce clip est qu'ils risquent certainement de se retrouver coincés entre un Partir un jour et un Donne d'un de ces boys band à la mode. "Ce serait un pur hold up musical. On a même pensé à sortir des disque chez Gamani Productions, une production fictive où l'on sortirait de la house. Et toutes les ventes de ces disques nous serviraient à acheter du matériel et seraient réinvesti dans le hip hop". L'idée n'est peut-être pas si mauvaise que ça. Non ?

Frank Frejnik, Groove n°7        


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